Le Figaro Mars 2011,

Ce spectacle fait plaisir par son exigence. Lucile Vignon est boulversante dans le chant. Jean-Luc Jeener.

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L'homme nouveau Avril 2011

Après "l’Evangile de la Grâce", Lucile Vignon nous donne à entendre et à goûter un très fin montage de textes poétiques d’Hadewijch d’Anvers, poétesse mystique de la première moitié du XIII° siècle en Brabant. Le spectacle est ponctué par les Lieder de Schumann, Schubert et Mendelssohn, qui exaltent dans toute leur beauté le sentiment amoureux. Ils apportent avec leur accompagnement musical au piano une tonalité affective renforcée à un texte qui, en lui-même, est d’une extrême force tant l’assimilation qu’il déploie entre l’amour le plus pur de l’être divin et l’amour charnel humain dans son expression la plus libre s’y conjugue harmonieusement et sans fausse note. Lucile Vignon qui peut aussi donner cours à son talent de chanteuse lyrique à une puissance d’interprétation dans ces chants du cœur blessé par l’Amour incomparable. Un très beau et profond spectacle.

       
           
 

 

L’Amour, d’après Hadewijch d’Anvers (Février 2011)

Avec Lucile Vignon et Tinatin Kiknadze au piano
Marches qu’on gravit ou descend dans une jolie pénombre, couloirs labyrinthiques : Crypte Saint-Sulpice pour la célébration d’un amour-fou parce que divin. Selon le Grand Larousse l’amour serait un « mouvement de dévotion qui porte un être vers une divinité, une entité idéalisée » ou même une « inclination d’une personne pour une autre, de caractère passionnel et/ou sexuel ». Ici il a sept synonymes : Lien, Lumière, Charbon ardent, Feu, Rosée, Source vive et Enfer.
Récemment à Saint-Sulpice, Lucile Vignon a été une Thérèse d’Avila fulgurante. Elle nous y a aussi transmis la version de saint Luc, d’un « Evangile de la grâce ».
La comédienne, en robe et ceinture de nonne, adopte une gestuelle hiératique qui la rend tour à tour ou à la fois sensuelle et désincarnée; sa voix profonde de mezzo nous prend l’âme et le corps, fait vibrer l’espace. Dans ce nouveau texte sublime et charnel qu’elle a choisi et qui est l’oeuvre d’une béguine du XIIIème siècle, tout est contemplation et mysticisme.
« Je désirerais jouir pleinement de mon bien Aimé (…) Lui, le tout-Parfait ». Notez qu’elle ne l’appelle pas Jésus non plus que Christ mais Dieu, et elle conclut : « Mes amis, que Dieu vous fasse voir comment il est et comment il traite ses serviteurs et que vous puissiez vous absorber en lui. »
La comédienne cantatrice a voulu des Lieder de Schumann, Schubert et Mendelssohn-Bartholdy comme partition et respirations musicales ; au piano Tinatin Kiknadze toute en nuances l’attend, l’escorte, la seconde et la précède parfois, avec tendresses ou véhémences.
Lucile a éteint le cierge qu’elle avait déposé devant l’effigie du Christ au cœur de la crypte : nous nous retrouvons plus proches encore, échangeant regards et sourires, et osons nous dire que nous avons été visités par une certaine grâce… une grâce certaine.

Marie Ordinis